1ère Campagne d'Italie 1796

Publié le par Vandewalle Benoît

Napoléon Bonaparte - la première campagne d'Italie 1796/1797

L'essor d'un géant

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Les origines de la campagne d'Italie.

 

En 1796, la première coalition menée contre la France s'essouffle sérieusement. En effet la Prusse et l'Espagne ont conclu la paix avec la France.

Après le traité de Lahaye (16 mai 1795) et les traités de Bâle (5 avril et 22 juillet 1795), les républiques Bataves (anciennes provinces unies et la Belgique) devenaient des Etats satellites de la France, tandis que la Prusse cédait la rive gauche du Rhin et l'Espagne donnait sa partie de Saint Domingue.

Au niveau intérieur, en 1795 la France écrasait les révoltes vendéennes et fédéralistes soutenues et encouragées par la coalition.

Il ne reste alors face à la France que l'Angleterre et l'Autriche. Mais cette dernière peut compter sur ses alliés italiens, à savoir le Piémont, les Etats Pontificaux, les Deux Siciles, les duchés de Modène et de Parme.

L'Angleterre qui assure la domination des mers, n'est pas en mesure d'expédier des troupes sur le continent, même si elle occupe la Corse et trône sur le Hanovre depuis 1714.

En France, le Directoire est à la tête du pouvoir depuis 1795, il est mené par un collège de cinq directeurs. Barras, qui est un soutient politique important de Bonaparte, en fait partie ainsi que Carnot qui a en charge l'établissement du plan de bataille.

Mais l'instabilité politique est grande. La crise économique et financière menace la toute jeune république. Le directoire décide alors d'en finir avec cette coalition qui pompe toute l'énergie de la France.

Pour cela Carnot établit un plan relativement simple. Il propose de faire marcher trois armées sur Vienne.

 

Jourdan commande les 76 000 hommes de l'armée de Sambre-et-Meuse. Il doit pénétrer en Allemagne par la vallée du Main.

Moreau commande les 78 000 hommes de l'armée du Rhin et Moselle. Il doit suivre le cours du Danube.

Ces deux premières armées doivent alors se rejoindre au niveau de Ratisbone pour marcher sur Vienne.

La troisième armée, celle d'Italie, commandée par Bonaparte doit faire diversion dans la vallée du Pô en menaçant tout d'abord Milan, puis, si possible, Vienne en passant par les Alpes autrichiennes.

L'Histoire démontrera que c'est Bonaparte qui s'affranchira du rôle secondaire que lui avait confié le Directoire, tandis que les deux illustres généraux seront défaits par les autrichiens.

Souvent il n'est pas fait mention de l'armée des Alpes de Kellerman, qui commande 18 000 hommes et qui sera utile plus tard lors de la campagne.

 

La désignation de Bonaparte à la tête de l'armée d'Italie

 

Le choix de ce jeune général à la renommée plus que limitée a laissé perplexe nombre de ses contemporains et historiens.

Cet officier d'artillerie de formation, dans un premier temps, était plus intéressé par les événements en Corse que par la situation en France, tout en étant très sensible aux idées révolutionnaires et particulièrement par celle de la Montagne de Robespierre.

C'est après avoir connu l'échec en Corse suite à de graves mésententes et différends avec le héros local emblématique, Paoli, que Bonaparte choisi le parti de la France.

Bonaparte s'est fait remarquer par le frère de Robespierre lors du siège de Toulon qui était alors aux mains des anglais. Il avait su positionner à la perfection les pièces d'artilleries et faire front à sa hiérarchie pour imposer son plan qui s'avérera victorieux.

Après une période d'inactivité provoquée par la chute de Robespierre et de ses « proches », Bonaparte s'est vu inquiété; Barras, qui était en charge de la sécurité intérieure et de la défense de Paris, l'a remis en selle.

Ce dernier était aussi, sur un autre plan, l'amant de Joséphine de Beauharnais qui deviendra l'épouse de Bonaparte quelques jours avant son départ en Italie.

 

En octobre 1795, Barras charge Bonaparte de réprimer l'émeute royaliste. Il s'en charge parfaitement et très violemment. Il y gagnera d'ailleurs le surnom du général Vendémiaire après avoir écrasé les insurgés par une canonnade sanglante le 5 octobre.

Suite à ce coup d'éclat, Barras confie à Bonaparte la charge de commandement de l'armée intérieure après l'avoir nommé général de division.

Il ne restera pas longtemps à ce poste dans lequel il s'ennuie un peu, car le 2 mars 1796 Carnot propose Bonaparte pour commander l'armée d'Italie.

 

En effet, bien qu'il n'ait pas l'expérience d'un tel commandement, ses appuis politique (Barras) et surtout les plans d'attaque en Italie qu'il a soumis depuis des années au comité de salut public tout d'abord et au Directoire ensuite, lui ont valu toute l'attention des directeurs.

Il apparaît comme l'homme de la situation qui a étudié en détail une offensive dans la péninsule italienne.

 

En cette fin de XVIII ème siècle, l'Italie est morcelée en plusieurs états, duchés et républiques, et il est indispensable d'avoir une parfaite connaissance du terrain pour y mener campagne. Nous y voyons :

  • le royaume de Piémont-Sardaigne avec Turin pour capitale, qui se range derrière l'Autriche.

  • Le Milanais, qui est autrichien.

  • Les duchés de Parme et de Modéne qui sont des états satellites de l'Autriche

  • Les Etats Pontificaux et le royaume des Deux Siciles, très hostiles à la France

  • La république de Venise, la république de Gène et le grand duché de Toscane conservent une neutralité dans ce conflit.

 

Les forces en présence

 

Lorsque Bonaparte prend son commandement, il a sous ses ordres environ 65 000 hommes, même s'il n'en reconnaît que 30 000 dans le mémorial de Saint Héléne.

En effet, parmi ses nombreux talents, Bonaparte manie à merveille l'art de la propagande et il savait mettre en place les conditions de sa postérité et de son mythe. De plus, en sous estimant sciemment son effectif dès le début de la campagne, il espère pousser le Directoire à lui envoyer des renforts.

 

Mais le nombre d'hommes plus élevé que ne le prête la légende ne retire en rien le prestige de cette campagne.

L'armée d'Italie est composée de quatre divisions d'infanterie, une de cavalerie et possède une réserve de 18 000 hommes.

Le total s'approche donc de 65 000 hommes, alors que l'effectif théorique est de 105 à 110 000 hommes, mais plus de 35 000 hommes sont indisponibles.

Au niveau de l'artillerie, arme chère à Bonaparte, il ne peut compter que sur une cinquantaine à une soixantaine de pièces. Cela ne pouvait pas satisfaire l'officier d'artillerie qu'il demeurait malgré tout. Selon lui, le nombre idéal se situe à environ une pièce pour 500 à 600 hommes, alors qu'ici il n'y en a même pas une pour 1 000. Par ailleurs, durant toutes ces futures campagnes, le problème sera récurrent et il n'arrivera jamais à son chiffre idéal malgré les prises à l'ennemi et une plus forte production.

 

Pour le Directoire, à l'origine du plan de Carnot, l'armée d'Italie n'avait qu'un rôle subalterne, et elle était donc relativement mal équipée (cette fois encore, pas autant que Bonaparte voudrait le faire croire), rongée par la faim et dont la solde des troupes n'avait pas été versée depuis des mois.

 

Ainsi, devant ce tableau brossé par Bonaparte lui même, sa fameuse proclamation du 29 mars 1796 prend un relief tout particulier.

Nous pouvons même nous étonner de ce véritable appel au pillage alors que Bonaparte sévira durant toute la campagne quand des débordements auront lieu ou quand ses hommes ne le respecteront pas encore en n'obéissant que très difficilement.

 

Par contre, le moral est assez bon car l'armée d'Italie, contrairement aux armées du Rhin et de la Sambre, n'a pas connu de cinglantes défaites.

Bonaparte peut s'appuyer aussi sur de très bons généraux comme Augureau, Masséna, Laharpe et Sérurier qui compensent la médiocrité d'autres que Bonaparte place à des missions de moindres envergures.

 

En fait, l'armée d'Italie possède véritablement deux points noirs qui la contraigne.

Tout d'abord, il existe une nette insuffisance de son ravitaillement, dans une région peu propice à nourrir une armée sur le terrain (Napoléon surestimera toujours les capacités d'une armée à se nourrir sur les terres), avec une ligne d'approvisionnement qui s'allonge et oblige à installer de nombreuses garnisons. Il ne faut pas occulter les navires anglais qui empêchent un ravitaillement par mer.

Ensuite, l'armée d'Italie est caractérisée par l'indiscipline de ses hommes. Bonaparte, qui n'est pas respecté par ses hommes et certains officiers au début de la campagne, fait dire au Directoire qu'il faut souvent fusiller pour remettre de l'ordre.

 

Malgré ces inconvénients manifestes, Bonaparte s'appuie sur les qualités de l'armée d'Italie: une excellente condition physique des troupes, des hommes ayant l'expérience de la guerre et des affrontements, une volonté politique révolutionnaire qui leur donnait un courage et une intrépidité qui étonnaient l'ennemi.

 

Dans sa première campagne, Bonaparte appliquera ses préceptes tactiques sur le mouvement rapide des armées, et sur l'utilisation offensive de l'artillerie qui devient l'arme de soutien de l'infanterie.

Il exploite en avant son charisme qui pousse les officiers et ses hommes à le suivre dans ses plans et manoeuvres audacieux. Enfin, il n'hésite pas à déformer la réalité ou le déroulement des combats dans ses bulletins qui sont lus par l'armée entière. Il sait aussi exhorter ses hommes en les récompensant dans leurs faits d'armes.

 

Face à cette armée d'Italie, les austro-sardes alignent environ 80 000 hommes répartis en deux armées.

Ainsi, l'armée Sarde est commandée par le lieutenant général baron Colli. Elle comporte 20 000 hommes qui se situent à droite du dispositif coalisé et à l'ouest de Turin.

Elle fait face aux 18 000 hommes de l'armée des Alpes de Kellermann.

L'armée autrichienne est commandée par le baron Beaulieu, qui a en charge la coordination de l'ensemble des forces coalisées, et elle est forte de 50 à 60 000 hommes dans des formations très hétérogènes.

Les autrichiens tiennent la gauche du dispositif dans le Milanais.

Enfin, le corps sarde de Provera avec 8 à 10 000 hommes fait la liaison entre les piémontais et les autrichiens.

 

Numériquement, les coalisés sont plus important que les français, mais les troupes sont très disparates.

Ce qui est le plus marquant entre les deux camps est la différence d'âge du commandement (moins de 30 ans du coté français, plus de 60 ou 70 du coté coalisé). qui se répercutent indirectement dans les doctrines qui sont totalement différentes. D'un coté, c'est la défense qui est privilégiée, héritage de la guerre de sept ans, de l'autre c'est l'offensive, le mouvement et l'impétuosité de la jeunesse et de nouvelles méthodes de combat.

 

Rupture du front coalisé (Montenotte).

 

Après avoir pris son commandement le 27 mars 1796, Bonaparte s'élance entre les autrichiens et les sardes en franchissant les Alpes par le col de Cadibone le 11 avril 1796 pour déboucher sur Carcare.

Il a ordonné à Sérurier et ses 9 000 hommes de fixer Colli, le général piémontais, en simulant une attaque sur le Tanaro vers Ceva qui se situe à l'ouest de Carcare. De même, Macquard feint une attaque par le col de Tende au sud ouest de Carcare.

 

Colli qui a une parfaite connaissance de la région préconise à Beaulieu de concentrer le dispositif à Loano et à Finale afin de couper la ligne française.

Mais Beaulieu préfère lancer une attaque sur tous les postes ennemis le long des Apenins. Il espère ainsi refouler les français à l'ouest pour leur tomber sur le flanc durant leur retraite par son aile droite et son centre.

Beaulieu est trompé sur les positions réelles des français. Il pense que la droite française se situe à Voltri (sur la côte, à une vingtaine de kilomètre à l'ouest de Gênes) alors que Bonaparte n'y a laissé qu'une demi brigade envoyé là pour intimider Gênes conformément aux ordres du Directoire.

 

En fait Bonaparte a disposé son armée sur deux lignes. À l'arrière, 9 000 hommes gardent la côte et assurent la ligne de communication qui passe par Nice jusque Savone.

Masséna commande l'avant-garde de 18 000 hommes qui est déployée entre Savone et Voltri. Les unités d'Augureau, de Sérurier, de Macquard et de Garnier, qui forment la masse de bataille avec 26 000 hommes, s'étalent le long des Apenins jusqu'à proximité de Carcare. La cavalerie de Stengel reste non loin d'eux en léger retrait à une cinquantaine de kilomètre au sud-sud-ouest de Carcare.

Sur le flanc gauche, Kellermann et ses 18 000 hommes exercent toujours une pression sur les piémontais entre Turin et Mondovi.

 

En observant les mouvements de troupes autrichiens, Bonaparte a compris l'erreur d'estimation de Beaulieu. Il la prend à profit et utilise en conséquence la demi brigade de Voltri comme appât pour attirer les autrichiens.

Beaulieu se fait duper et pense y trouver le gros des forces alors que, bien qu'il l'ignore, la demi brigade de Cervoni commence déjà son repli sur Stella un peu à l'est de Montenotte.

Les autrichiens envoient ainsi leurs troupes sur deux axes : Sebotterdorf et Pitoni avec 7 200 hommes et 800 cavaliers sur Voltri. Et le centre autrichien commandé par Argenteau qui est chargé de contourner les arrières français à Savone, s'avance sur Montenotte.

 

Au matin du 11 avril, Argenteau est le maître de Montenotte. Dès quatre heures du matin il porte son attaque sur le Monte Negino qui est tenu par les 1 200 hommes du colonel Fornesy, installés dans trois redoutes.

Cette position doit être absolument tenu pour ne pas mettre en danger le plan de Bonaparte. Fornesy recevra le soutien de 900 hommes de Ramson, et pourra tenir héroïquement Monte Negino toute la journée.

La veille, Cervoni et ses 6 000 hommes quittaient Voltri et renforcent le dispositif français à Giovo qui est tout proche de Montenotte (une dizaine de kilomètre à l'est).

 

Durant ce temps, 12 000 hommes commandés par Sérurier aidé de Rusca se montrent menaçant sans trop s'exposer à l'ouest afin de fixer Colli et l'empêcher de renforcer Beaulieu.

 

A la fin de la journée du 11 avril, et malgré les attaques autrichiennes, Bonaparte s'en tient à son plan. Il envoie durant la nuit Laharpe sur Montenotte tandis que Augureau avec 5 300 hommes, Joibert et Dommartin avec 3 600 hommes progressent vers Altare environ 6 kilomètre à l'ouest de Montenotte. Masséna et 9 000 hommes avancent sur Carcare (8 km à l'ouest de Montenotte).

C'est aussi durant cette nuit que Beaulieu se rend compte de son erreur d'appréciation devant les faibles combats qui ont lieu à Voltri, il décide alors de redéployer son dispositif en conséquence.

 

Le 12 avril, après une marche de nuit, les 14 000 hommes de Masséna et Laharpe, couvert par un épais brouillard, marchent sur les 6 000 hommes d'Argenteau toujours stoppés devant le Monte Negino.

Après ce mouvement, Laharpe rejoint Fornesy et Rampon avec deux de ses trois bataillons à Monte Negino, ce qui représentent plus de 7 000 hommes sur ce point.

À huit heures, Masséna soutenu par Laharpe tournent la position et ils dégagent Montenotte.

Argenteau est contraint de se replier au nord avec la cavalerie de Murat à ses trousses. Il échappe de peu à l'encerclement total.

 

À l'ouest, Augureau, Joubert et Dommartin atteignent trop tard Carcare et Cairo pour couper la retraite autrichienne mais ils parviennent tout de même à obliger les piémontais de Provera, qui étaient venus soutenir Argenteau, à reculer

Les autrichiens ont perdu près de 3 000 hommes (tués, blessés ou capturés) dans l'affrontement pour des pertes très limitées du coté français.

Bonaparte vient d'infliger un premier revers d'envergure aux autrichiens et il vient de signer le premier acte de la séparation des deux armées austro-sardes en occupant la position centrale entre Colli et Beaulieu.

 

Le pivot de son attaque, à Monte Negino, a du tenir pendant une journée avec seulement 1 200 hommes faces à une marée autrichienne. Le plan de Bonaparte s'est joué à ce niveau, mais les français ont démontré aussi leur capacité à défendre des places et pas seulement à attaquer et à manoeuvrer.

À partir de cette position, Bonaparte poursuit sa lancée et défait à nouveau les autrichiens à Dégo le 14 avril en ne subissant encore une fois que des pertes légères.

 

Du 15 au 17 avril, Bonaparte effectue une série de manoeuvres entre Ceva et Dego malgré l'assaut musclé de Wukassovitch sur Dego qui retombera aux mains des autrichiens quelques heures. Bonaparte parvient à l'issue de ces mouvements à bloquer les autrichiens et isoler les piémontais qui se replient avec environ 14 000 hommes sous les ordres Colli vers Mondovi.

 

Colli et les piémontais seuls face à Bonaparte

 

Bonaparte est parvenu à rompre le front austro-sarde et il décide alors d'en finir avec les piémontais en moins bonne position que les autrichiens. Il prévoit ainsi de se retourner ensuite contre les autrichiens sans craindre une menace sur son flanc.

Colli peut espérer un renfort des 15 000 hommes du prince de Carigranot situé plus au nord. Mais ce dernier, malheureusement pour le général piémontais, doit assurer la défense de Turin qui reste sous la menace de Kellermann et de l'armée des Alpes.

 

Colli se redéploie le long de Corsaglia en s'appuyant sur le village de San Michele à environ 80 kilomètre au sud de Turin. Il conserve toutefois une réserve de 4 000 hommes qui s'installent un peu plus au nord.

Sa défense se montre très efficace et même les éléments climatiques ne semblent pas du coté des français car une montée des eaux empêche Augureau de traverser la rivière qui lui permettrai de contourner la position piémontaise par la droite.

 

Le 19 avril, Sérurier parvient tout de même à débloquer la situation en trouvant une passerelle en bois non gardée. Les français se précipitent pour faire passer plusieurs milliers d'hommes. Devant un tel afflux, Colli recule en bon ordre dans un premier temps et profite d'une désorganisation des français pour effectuer une vigoureuse et efficace contre offensive.

Colli parvient à déloger les français de cette position et leur fait perdre 600 hommes, et c'est in extremis que Guieu réussi à se maintenir au delà de la rivière tout en conservant deux ponts.

 

Les piémontais viennent d'infliger un revers mineur à Bonaparte, qui décide le 20 avril de concentrer les troupes de Masséna, Sérurier, Augureau et Laharpe pour lancer une nouvelle offensive sur San Michele.

Bonaparte choisit donc la supériorité numérique sur ce point avec 20 000 hommes contre les 9 000 de Colli qui n'a pas d'autres choix que de se replier sur Mondovi.

 

Durant la retraite des piémontais, Sérurier bouscule leur arrière garde à Vico après un premier assaut infructueux. Mais lorsque les troupes de Colli montrent les premiers signes de fléchissement la cavalerie de Stungel les prend à revers, les sabre, tandis que le vaillant général y perd son bras et la vie sept jours après l'amputation. Malgré cette perte au champs d'honneur, son attaque a éliminé la cavalerie ennemie. Durant cette action, Murat s'est illustré lors d'une belle charge du 20ème de cavalerie.

 

Colli poursuit sa retraite sous le harcèlement français et le manque de réactivité autrichiens. D'ailleurs Beaulieu a bien tenté de marcher sur Cherasco (une quarantaine de kilomètre au nord de Mondovi), mais la prise aisée d'Alba, juste à coté, par Sérurier et Augureau l'a refroidi dans ses ardeurs et il préfère rebrousser chemin derrière le Pô.

 

Le 26 avril, la situation devient désespérée pour les piémontais quand Bonaparte évacue totalement le danger autrichiens en avançant Laharpe sur Acqui, ce qui a pour effet de bloquer Beaulieu. Parallèlement, il donne ordre à Kellermann d'avancer sur Saluzzo à une trentaine de kilomètre au sud-sud-ouest de Turin.

Bonaparte est désormais aux portes de Turin face à une armée piémontaise démoralisée, désorganisée, affaiblie et sans possibilité d'être renforcée.

Les piémontais n'ont plus aucune solution, et le 28 avril, le roi Victor-Amédée du royaume de Piémont-Sardaigne est contraint de signer un armistice à Cherasco. Colli propose ses services et passe dans le camps autrichien.

 

Bonaparte vient de démontrer son talent en sachant concentrer ses troupes au bon endroit et au bon moment. Politiquement, il impose un traité aux piémontais qui ne peut être que validé par le directoire.

 

Les français se retournent contre les autrichiens jusque Lodi.

 

Après la déroute de leur allié piémontais en moins d'un mois, les autrichiens se sont retirés sur Valenza.

Beaulieu compte établir une ligne de défense en regroupant toutes ses forces derrière le Pô et en détruisant le pont de Valenza.

Les autrichiens disposent encore de 22 500 fantassins, de 3 500 cavaliers et d'une trentaine pièces d'artillerie retranché derrière l'Agonia. Wukassovitch commande l'avant-garde du dispositif avec quatre bataillons et quatre escadrons sur Vercelli.

 

Bonaparte a redéployé ses troupes en laissant près de 18 000 hommes en garnison dans les places piémontaises ou sur la côte entre Marseille et Savone. Il conserve toutefois 32 000 hommes, 3 500 cavaliers ainsi que 60 canons pour poursuivre son offensive.

Il répartit son armée en quatre divisions aux ordres de Masséna, Laharpe, Augureau et Sérurier. Kellermann fait mouvement vers Lodi, mais il n'arrivera qu'après la bataille.

 

Beaulieu attend et espère affronter les français à Valenza où le Pô n'est pas large, mais Bonaparte fidèle à ses préceptes, surprend et engage une course le long du Pô pour contourner les autrichiens et les prendre à revers en débouchant par Plaisance. Dans cette manoeuvre « sur les derrières », les français escomptent couper les lignes de Beaulieu pour mieux l'encercler.

 

Afin de tromper les autrichiens, Masséna effectue des mouvements très visibles à proximité de Valenza et simule un passage imminent. Cette fois Beaulieu ne se montre pas totalement dupe et envoie 8 000 hommes menés par Liptay sur Belgioso qui est situé entre Valenza et Plaisance.

 

Le 7 mai, l'avant-garde française traverse le Pô à Plaisance. Dallemagne et toute la cavalerie passe en premiers suivis dans la journée des troupes de Lannes et Laharpe.

Bonaparte concentre ses forces avec l'intention d'engager l'affrontement décisif. Mais Beaulieu qui étire sa ligne sur un vaste front, ne permet pas aux français de mener une offensive massive.

Liptay parvient même à obliger les avant-gardes françaises à se replier sur Plaisance après des accrochages musclés à Guargemiglio qui est non loin de Plaisance. Mais les autrichiens ne peuvent pas tirer profit de cet avantage car ils ne savent pas précisément la position de l'ennemi. Liptay préfère alors se retirer sur Fombio à quelques kilomètres au nord de Plaisance dont il assure la défense.

 

Le 8 mai, les français lancent l'attaque sur Liptay par trois axes : Laharpe le coupe de Beaulieu tandis que Dallemagne interdit la retraite et Augureau attaque de front. Malgré la manoeuvre très bien réalisé, Liptay parvient à s'extirper dans la confusion avec deux bataillons et trois escadrons vers Pizzighetone toujours plus au nord.

Beaulieu qui s'était élancé au secours de Liptay, décide de se replier derrière l'Adda quand il apprend la défaite de son général. En faisant ainsi il regroupe enfin ses forces dispersées et fait mouvement sur Lodi. Il ne laisse qu'une faible garnison de 1 800 hommes sur Milan.

 

Au soir du 9 mai, Bonaparte estime qu'il est parvenu à réaliser la première partie de son plan en ayant traversé le Pô et en ayant affaibli considérablement Beaulieu. Il le fait même savoir à Carnot en lui écrivant. Bonaparte peut aussi se réjouir car le duc de Parme se retire lui aussi de la coalition et établit un traité de paix avec les français. Grâce à une courte pause de l'armée, Masséna rejoint à son tour le gros des forces après avoir traversé le Pô.

 

Le matin du 10 mai, le sud de Lodi tombe facilement aux mains des français où Masséna occupe l'aile gauche, Bonaparte le centre et Augureau l'aile droite. Mais bien que la ville soit prise, Bonaparte comprend que les autrichiens tiennent le pont long de 135 mètres.

En face Beaulieu a réunit 12 000 hommes, 4 000 cavaliers et 30 pièces d'artilleries disposées en enfilade pour couvrir le pont. Les autrichiens ont établi deux lignes pour contenir les français.

Bonaparte est contraint de revoir son plan d'attaque sous les balles, la mitraille et les boulets. Il met alors à son tour 30 canons en batterie pour s'opposer au feu autrichien. Il charge Beaumont à la tête de 2 000 cavaliers de trouver un passage en amont vers Montanasso pour tomber sur la droite autrichienne. Dallemagne dispose ses grenadiers en colonne, à l'abri des projectiles, prêts à s'élancer sur le pont dès le signal donné.

 

Vers 17 heures, alors que les colonnes de Masséna pénètrent aussi dans Lodi et que la division d'Augureau débouche de Borghetto, Bonaparte montre un autre trait de son caractère : l'impatience. Il n'a pas de nouvelle de Beaumont, et il décide malgré tout de donner l'ordre d'attaquer à 18 heures après une préparation de l'artillerie.

 

Les 27ème et 29ème demi-brigades légères sous le commandement de Dupas, dit le général « z'en avant » s'élancent sur le pont. Dupas exhorte ses hommes alors qu'ils subissent de plein fouet la mitraille meurtrière autrichienne. Après un moment de flottement où tout a failli basculer, le courage et la témérité de ses troupes rapidement suivies par Masséna, Lannes et Monnier, ont enfin ébranler la première ligne autrichienne au prix de très lourdes pertes.

 

Cela ne suffit pas, les autrichiens avancent leur deuxième ligne et leur réserve, le combat acharné au corps à corps tourne à l'avantage de Beaulieu et l'infanterie française, sérieusement entamée, commence à reculer. C'est l'arrivée providentielle de la cavalerie de Beaumont qui change la donne, en même temps Masséna est parvenu à traverser le pont.

 

Les français peuvent enfin se réorganiser et se dépêtrer de la nasse, Masséna, Dupas et Dallemagne se déploie à droite, tandis qu'Augureau se déploie à gauche en poursuivant l'assaut frontal.

Les autrichiens sont enfin contraint à la retraite sur Crema en laissant 2 000 hommes (surtout des prisonniers) et toute l'artillerie sur le terrain.

 

En fin politique, Bonaparte utilise ce fait d'arme pour asseoir sa légende en mettant en avant le courage, réel, déployé par ses hommes chargeant aux cris de « vive la République » et par ses généraux qui ont su faire basculer la bataille au moment d'hésitation. Le Directoire, qui a besoin de victoires, n'est pas en reste et proclame « gloire immortel aux conquérants de Lodi ! ».

 

Malheureusement, les français épuisés et gênés par la nuit ne peuvent pas poursuivre immédiatement les autrichiens. Ces derniers se regroupent à Crémone pour Beaulieu et Liptay et à Brescia pour Colli et Wukassovitch.

 

La poursuite française permet la prise de Crema, Crémone suite à la capitulation autrichienne à Pizzighettone, Pavie et enfin Milan où les armées de Bonaparte font une entrée triomphante sous l'acclamation de la population.

 

Bonaparte s'émancipe du Directoire; Würmser mène la contre offensive autrichienne.

 

Les autrichiens poursuivent leur retraite vers l'est et se regroupent autour de Mantoue à la fin du mois de mai. Bonaparte réorganise son armée qu'il fait reposer. Il reste sourd aux demandes du Directoire de se porter sur Livourne pour en chasser les anglais, et d'envahir les états pontificaux. En fait Bonaparte refuse de donner les rênes de son armée à Kellermann qui doit pacifier le Milanais. Mais le 15 mai, il prend l'initiative de faire la paix avec le duc de Modène qui verse une rançon à la France.

 

Enfin Bonaparte peut en finir avec Beaulieu qui s'est intallé sur une longue ligne de défense entre Mantoue et Castelnuovo. Même s'ils se renforcés, les autrichiens ont une nouvelle fois trop étiré leur ligne. Les français attaquent le centre du dispositif autrichien à Borghetto, et c'est la résistance de Liptay à Peschiera qui permet leur retraite sur Castelnuovo puis dans le Tyrol durant la nuit.

 

Bonaparte qui est devenu l'homme fort de la région prend l'initiative de signer un armistice avec le roi de Naples le 5 juin et avec le pape le 24 juin sans en référer au Directoire. Ce dernier, par ailleurs, ne souhaitait pas réellement poursuivre l'offensive sur la Milanais et restait persuadé que le conflit majeur ne pouvait se situer que sur le Rhin.

Devant les échecs de Jourdan et Moreau, le Directoire ne peut que s'incliner et c'est pourquoi il a accepté de donner l'initiative des opérations à Bonaparte en Italie. Ce qui démontre aussi la fragilité de la République soumise à un simple général, même talentueux.

 

De ce fait Bonaparte montre son indépendance politique, et il agit concrètement sur la destinée de la nation italienne en favorisant l'émergence d'une république Cispadane et une Lombardie alliées à la France et qui donneront naissance à la république Cisalpine après le traité de Compoformio.

 

Après avoir fait reculer les autrichiens sur le Tyrol, Bonaparte reçoit 12 000 hommes de renfort, ce qui lui donne désormais une armée forte d'environ 65 000 hommes, mais 25 000 restent en garnison pour garantir la communication de son armée et surveiller les côtes. Il sait aussi que ses victoires diplomatiques sont fragiles.

 

À Mantoue, les autrichiens ont replié une garnison de 14 000 hommes durant leur retraite, et Sérurier assiège la ville depuis le 1er juin.

 

Würmser surprend Bonaparte et place son piège

 

Au début de juillet le comte Würmser succède à Beaulieu qui a été destitué. Ce général vient d'emporter une brillante victoire contre les français de l'armée du Rhin de Moreau à Mannheim. Il amène avec lui 25 à 30 000 hommes en plus de ceux de Beaulieu, ce qui lui donne une effectif de près de 55 000 hommes.

Si Würmser a le même age que Beaulieu, il est beaucoup plus apte à l'offensive. Comme il est persuadé que les français sont fixés par le siège de Mantoue, il décide d'attaquer en divisant son armée en trois corps.

Quasdanovitch avec 18 000 hommes doit descendre le long de la rive ouest du lac de Garde par la route de la Chiese afin de couper les français de Milan.

Würmser avec Davidovitch et Melas forts de 26 000 hommes doivent attaquer le long de l'Adige sur Rivoli et Vérone.

Enfin Meszaros avec 4 000 fantassins et 1 000 cavaliers est chargé de faire diversion à l'est de Vérone.

 

Bonaparte quant à lui, en dehors de ses garnisons, ne dispose que de 40 000 hommes pour l'offensive. Ils sont répartis sur une ligne de défense le long de l'Adige. Bonaparte s'appuie sur le relief et la proximité des unités entres elles pour privilégier cette tactique défensive.

Du coté de la route de Chiese, seuls les 4 250 hommes de Rusca, Guieu et Sauret couvrent le terrain et ferment l'ouest du lac de Garde.

Masséna dispose de plus de 15 000 hommes déployés de Vérone à la Corona et défend la route de l'Adige.

Augureau prolonge la ligne jusque Legnago avec moins de 5 000 hommes. Sérurier poursuit le siège de Mantoue avec 8 000 hommes et Kilmaine commande 2 000 cavaliers et 800 grenadiers en deuxième ligne au centre du dispositif.

Par cette disposition Bonaparte verrouille la région et il peut regrouper rapidement ses forces sur le point d'attaque ennemi. Une fois n'est pas coutume, Bonaparte préfère attendre plutôt que de provoquer.

 

À partir du 26 juillet, Würmser lance son offensive simultanément de chaque coté du lac de Garde. L'attaque est soutenue et vigoureuse, les français se replient de chaque coté, perdant même 2 000 hommes et 9 canons le 29 juillet à l'est du lac de Garde. Masséna n'a pas d'autre choix que de se replier sur Campara.

Dans le sud, l'ensemble du dispositif recule et se réunit à Roverbella avant de prendre la route sur Castiglione la nuit du 31 juillet. Isolé, Sérurier abandonne le siège de Mantoue et évacue sur Marcaria.

 

Würmser a parfaitement coordonné sa tenaille et les français subissent des revers assez sérieux. Bonaparte doit faire éclater son génie pour retourner la situation plus que délicate. Il décide pour cela de faire mouvement sur Brescia à l'ouest du lac en ne laissant que 3 000 hommes sous les ordres de Pijon et Valette pour couvrir les arrières de l'armée française.

L'étau autrichien se resserre davantage provoquant la panique de Valette qui se retire de sa position pour Castiglione le 2 août. Bonaparte, fou de rage, le dégrade le soir même.

 

Bonaparte reprend l'initiative et désarticule la mâchoire autrichienne (Castiglione).

 

Bonaparte décide alors de prendre de vitesse Würmser et de concentrer son attaque sur Quasdanovitch à l'ouest du lac avant que le reste, et la plus grosse partie, de l'armée autrichienne puisse attaquer à l'est. Ainsi, en moins de deux, les français parviennent à encercler et à isoler Quasdanovitch. Le 4 août, l'assaut général est donné et Quasdanovitch, défait, se retire au nord laissant 3 000 hommes couvrir sa retraite.

 

Les français viennent de faire céder l'étau et Bonaparte concentre son armée sur Castiglione. Ses généraux ont rallié leurs troupes dispersées contrairement à Würmser qui les étire trop.

Le 5 août, les deux armées se rencontrent enfin aux alentours de Castiglione.

 

Les autrichiens disposent de 20 à 25 000 hommes sur deux lignes. Würmser protège son aile gauche en s'appuyant sur la redoute de Médole et en y installant une forte concentration d'artillerie, 2 000 fantassins et 1 500 cavaliers. Le centre, au niveau de Solférino et lui aussi appuyé par une redoute. Davidovitch y assure le commandement avec plus de 10 000 hommes.

Enfin, l'aile droite au niveau de Stafallo, commandée par Schübitz, comprend 2 000 fantassins et 500 cavaliers.

Les autrichiens peuvent espérer un renfort de 3 000 hommes par le nord-est et 5 000 hommes par le sud qui sont en marche.

 

Bonaparte fait face avec lui aussi entre 20 et 25 000 hommes. Masséna se charge de l'aile gauche avec 10 000 hommes. Augureau dirige le centre et l'aile droite avec 8 000 hommes. La cavalerie, sous les ordres de Kilmaine, est en léger retrait sur la droite.

Marmont se place face à la redoute de Medole et il dispose de presque l'intégralité de l'artillerie.

 

Bonaparte attend l'arrivée de Despinay et Fiorelle qui alignent à eux deux environ 5 000 hommes.

Pour faire trainer le combat avant leurs entrées en scène, Augureau feint plusieurs attaques avec quelques bataillons qui se replient aussitôt. À la gauche française, Masséna fait de même pour forcer Würmser à avancer et étendre sa ligne au nord.

 

Quand Bonaparte apprend l'arrivée de Fiorella au sud ouest, derrière les lignes autrichiennes, il donne l'ordre à Beaumont de pilonner la redoute de Medole et lance trois bataillons de grenadiers à son assaut.

Rapidement les français s'emparent de la position, ce qui permet à Killmaine de charger Beaumont avec la moitié de la cavalerie de contourner les autrichiens par le sud.

Würmser n'a pas d'autre choix que de faire retourner sa deuxième ligne pour faire front à Fiorella qui est dangereusement proche.

Désespérément le général autrichien lance sa cavalerie contre celle des français, mais Augureau a formé ses colonnes d'attaque et avance inexorablement au centre.

Masséna s'élance à son tour, d'autant plus hardiment que Despinay arrive sur le champ de bataille par sa gauche.

 

Bonaparte ordonne alors l'attaque générale sur les deux flancs autrichiens. Masséna menace de tourner la droite de Würmser tandis qu'Augureau refoule le centre autrichiens et que Fiorella se place dans leurs dos.

Devant cette situation inextricable, Würmser est obligé de sonner la retraite et se dirige vers le Mincio.

 

La fatigue française et l'arrivée, tardive, du colonel Weidenfeld et de ses 3 000 hommes que Würmser avait espéré plus tôt, permettent aux autrichiens de se dégager de Masséna et de se replier vers Valeggio puis de traverser le Mincio.

 

Masséna, Augureau et Sérurier s'installent le long du Mincio le 6 août puis poursuivent les autrichiens qui se replient sur Trente abandonnant au passage Vérone et Legnano.

Bonaparte ordonne à Sahuguet de reprendre le siège de Mantoue tandis que Guieu évacue totalement le reste de l'arrière-garde autrichienne de Quasdanovitch à l'ouest du lac.

 

Dans cette bataille, Bonaparte a démontré ses capacités à analyser une situation à priori perdue pour la transformer en victoire. Il a profité de l'étau qu'il subissait pour s'attaquer à chaque mâchoire l'une après l'autre. Toutefois, Würmser est presque parvenu à vaincre les français, et bien que cela soit une grande victoire pour Bonaparte, ce dernier n'est pas parvenu à anéantir les autrichiens, qui ont pu se replier et conserver Mantoue.

 

Le dernier sursaut de Würmser (Bassano).

 

Bonaparte met à profit le mois d'août pour rétablir son armée qui a subi des pertes conséquentes. Il réaffirme aussi l'autorité française dans la région en réprimant quelques velléités italiennes.

Du coté de l'Allemagne, Moreau vient de prendre Munich et de défaire l'archiduc Charles.

C'est l'occasion de réunir les deux armées en Autriche.

 

Alors que l'armée d'Italie s'apprête à marcher sur le Tyrol selon les recommandations du Directoire, Würmser décide de l'en empêcher et de porter une nouvelle offensive en Italie.

Les autrichiens dispose d'un peu moins de 50 000 hommes dont environ 20 000 aux ordres de Davidovitch sur Trente et environ 30 000 sous le commandement de Würmser sur la Brenta.

 

Les français ne disposent même pas de 40 000 hommes dont 10 000 sous les ordres de Masséna le long de l'Adige au niveau de Rivoli, 10 000 sous le commandement d'Augureau à Vérone et un peu moins de 10 000 à l'ouest du lac de Garde dirigé par Vaubois et Guieu. La cavalerie de Killmaine forte de 2 000 chevaux reste derrière Vérone, tandis que 6 000 hommes poursuivent le siège de Mantoue.

 

Début septembre Bonaparte avance l'ensemble de l'armée, à l'exception des assiégeants de Mantoue, au nord d'une part vers Riva situé à l'extrémité du lac de Garde et d'autre part à l'est vers Borghetto à l'est du lac.

Les autrichiens descendent sur Bassano en longeant la Brenta en laissant Davidovitch sur Roverdero pour retarder la progression des français. Würmser espère ainsi prendre les français sur leurs arrières.

Mais pour que le plan du général autrichien fonctionne, il fallait que Bonaparte continue sa marche sur le Tyrol, alors que ce dernier, comprenant la démarche de Würmser, contredit une nouvelle fois les ordres du Directoire et poursuit en marche forcée les autrichiens après avoir battu Davidovitch à Roverdo.

 

Bonaparte laisse 11 000 hommes sous les ordres de Vaubois pour couvrir ses arrières. Le 7 septembre, les français atteignent l'arrière garde autrichienne, ce qui provoque la stupéfaction de Würmser.

Ce dernier doit alors réorganiser et réorienter son armée en catastrophe pour faire face aux français.

 

Le 8 septembre, Masséna débouche sur les positions autrichiennes à Bassano par la rive droite, tandis qu'Augureau surgit par la rive gauche et après avoir enlevé les postes avancées, ils se jettent tous deux en masse sur la ville et la prennent.

 

Würmser se replie sur Citadella tandis que Quasdanovitch fuie vers Trieste. Le général en chef autrichien poursuivi sans relâche par les français, et manquant même d'être anéanti à Vicenza, fait son entrée le 13 septembre à Mantoue, ce qui porte la garnison à 31 000 hommes.

Le 15 septembre, Würmser espère encore pouvoir faire plier les français qu'il estime trop disséminés. Il installe ses troupes devant Mantoue entre la Favorite et Saint-Georges.

Masséna désillusionne le général autrichien et lance un assaut très vigoureux sur le flanc droit de Würmser qui plie et recule. Les autrichiens sont contraint de s'enfermer à leur tour à Mantoue, en perdant des milliers d'hommes devant les murailles durant la fuite.

 

Bonaparte n'a pas rejoint Moreau comme le voulait le Directoire, mais il vient de démettre une armée de 30 000 hommes (Quasdanovitch a pu se replier sur Trieste avec 20 000 hommes) et il vient de museler le général en chef Würmser, obligeant les autrichiens a en désigner un nouveau pour la troisième fois en six mois.

 

Du doute à la gloire en Italie.

 

Vienne choisit comme nouveau général en chef le baron Alvincy qui dispose de 47 000 hommes après que l'Autriche est procédée à de nouvelles levée et qu'elle est dégarnie la garnison de Vienne.

 

La situation de Bonaparte n'est pas des plus aisée, les renforts n'arrivent pas et malgré la paix qu'a signé le Directoire avec Naples le 10 octobre, il craint toujours l'attitude du Piémont et des états Pontificaux qui lui restent ouvertement hostiles.

Ce qui le pousse à s'assurer d'une zone « tampon » entre l'Autriche et le reste de l'Italie en instaurant le 16 octobre une confédération Cispadane avec les duchés de Modène et Reggio ainsi que d'anciennes provinces pontificales à Bologne et Ferrare.

 

Alvincy tient à prendre l'initiative et sépare son armée en deux pour attaquer les français autour de Mantoue où il peut compter sur Würmser et près de 25 000 hommes (avec seulement une dizaine de millier en réel état de combattre).

D'un coté, Davidovitch avec 18 000 hommes au Tyrol, au nord du lac de Garde, descend le long de l'Adige en passant par Trente, Rivoli et Vérone.

De l'autre, Alvincy à l'est se dirige sur Vérone avec 29 000 hommes répartis entre les généraux Quasdanovitch et 11 300 hommes, Provera et 14 500 hommes. Mitrowski avec 3 000 hommes assurent la liaison entre les deux corps.

Par contre avant de se rejoindre, les deux armées autrichiennes sont séparées par des reliefs presque infranchissables interdisant toutes communications efficaces.

 

Bonaparte préfère une nouvelle fois adopter une configuration d'attente. Vaubois est au nord-ouest du lac de Garde avec 11 000 hommes. Augureau se positionne le long de l'Adige avec 5 600 hommes de Vérone à Ronco. Joubert poursuit cette ligne jusque Legnago avec 3 500 hommes.

Autour de Mantoue, 13 200 hommes sont déployés : Killmaine avec 8 000 hommes, la cavalerie de Beaumont disposant de 1 600 cavaliers et Macquerd à Villafranca avec 2 600 hommes.

Masséna assure l'avant garde à Bassano avec 5 200 hommes et Joubert restent avec ses 3 000 hommes en réserve à Montebello.

 

Les français en mauvaise posture

 

À la suite d'informations erronées, Bonaparte sous estime l'effectif de Davidovitch et ordonne à Vaubois (qu'il pense plus nombreux que les autrichiens) de l'attaquer à Saint Michel (au nord de Trente). Dans un premier temps, les français l'emportent sur l'avant garde mais lorsque le gros des troupes de Davidovitch arrive, Vaubois est repoussé au delà de Trente d'où il se replie sur Calliano.

 

Alors qu'Alvincy converge ses troupes sur Bassano et Cittadella entre le 2 et 5 novembre, Masséna s'est replié sur Vicenza le 4 mais devant les revers de Vaubois, Bonaparte inquiet et mécontent le renvoie sur Citadella pour contenir Alvincy.

Augureau et Bonaparte lui même se rendent sur Vicenza où ils emportent quelques escarmouches avec Masséna à Citadella et Marostica le 6 novembre.

À l'ouest, Vaubois qui a reçu le renfort de Joubert subi de nouveaux revers et se replie une nouvelle fois d'abord sur Rivoli dans la débandade puis jusque la Coronna. Davidovitch n'a pas baissé sa pression et il a infligé 3 000 hommes de perte aux français. C'est le plus sévère revers de Bonaparte dans cette campagne. Et seul le manque de communication d'avec Alvincy stoppe Davidovitch dans son avance. En effet il ignore la situation de l'autre armée et ne veut pas s'aventurer isolé dans le camp français.

 

La situation devient extrêmement difficile pour les français après que Bonaparte situé en position centrale à Caldéro entre Davidovitch et Alvincy y connait un nouvel échec; même s'il combattait contre un effectif double du sien sous une pluie battante.

Bonaparte est contraint au repli sur Vérone en laissant près de 2 000 hommes sur le terrain.

 

Publié dans histoire

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